Arsenal – Thoune, le choc des mondes

Publié le par Kayla

FOOTBALL. Le petit club bernois vivra son baptême du feu en Ligue des champions ce mercredi soir à Highbury, face à des «Gunners» qui comptent sur les bénéfices que générera leur futur stade afin de réaliser, enfin, leurs rêves européens.

 
Arsenal – Thoune: l'affiche relève à la fois du burlesque et du surréalisme. Un match de Ligue des champions aura pourtant bien lieu, ce mercredi soir sur la pelouse de Highbury, entre le mastodonte londonien et le Petit Poucet venu de l'Oberland – donc de nulle part pour l'Europe du ballon rond. Une confrontation entre deux mondes, deux clubs que tout oppose, à commencer par leur manière respective d'aborder la plus prestigieuse compétition du continent.

Pour les Anglais, s'extraire de ce groupe B – complété par l'Ajax Amsterdam et le Sparta Prague – ne constitue qu'une étape obligatoire sur le chemin de la finale du 17 mai 2006 au Stade de France, objectif avoué d'Arsène Wenger, manager alsacien des «Gunners»; pour les Bernois, cette présence on ne peut plus inattendue à la table des grands d'Europe fait déjà office de conte de fées.

Brillant bourreau du Dynamo Kiev puis de Malmö FF lors des deux tours préliminaires, Thoune, qui évoluait encore en 1re ligue lors de la saison 1997/98, parviendra-t-il à élever une fois de plus son niveau de jeu? En attendant la réponse du terrain, l'attitude du groupe indique que tout sera mis en œuvre pour, au moins, tenir le choc et honorer le maillot. «Contre Kiev déjà, personne ne nous accordait le moindre crédit», rappelle le capitaine Andres Gerber, qui devrait finalement être en mesure de tenir sa place malgré une douleur au tendon d'Achille. «Et sans Thierry Henry (ndlr: souffrant des adducteurs, le buteur français est indisponible pour trois semaines), Arsenal n'évolue plus qu'à 30% de sa valeur.»

Aplomb prometteur ou optimisme déplacé? Quoi qu'il en soit, Thoune est décidé à ne pas se cantonner au rôle de spectateur ébahi par tant de strass: «Tout ce que nous avons accompli jusqu'ici est remarquable, mais nous en voulons davantage», lance l'entraîneur Urs Schönenberger. «Maintenant que nous avons gagné le droit d'entrer sur scène, nous avons envie de nous montrer, d'attirer les projecteurs.»

Pour les néophytes thounois, le match de ce soir représente, tout comme les cinq autres qui suivront, une belle opportunité de se mettre en lumière. «Pour des joueurs comme nous, il n'y a pas de meilleure vitrine qu'une soirée de Ligue des champions», confirme le défenseur australien Ljubo Milicevic. «Mais nous n'oublions pas que personne d'entre nous ne se mettra en valeur si nous ne jouons pas en équipe, compacts et soudés.»

Highbury est un théâtre de choix afin de manifester son talent. La troupe bernoise, qui a pris contact avec la vénérable enceinte lors d'un entraînement mardi soir, piaffe à l'idée de s'y produire: «C'est un honneur, une grande émotion de fouler cette pelouse. On sent qu'une tranche d'histoire du football s'est jouée ici», déclare le néo-international Mauro Lustrinelli en couvant, la prunelle émue, les quatre tribunes d'un autre âge.

Foyer d'Arsenal depuis 1913 dans le nord-est de Londres, Highbury ne va pas tarder à se recycler en parc immobilier de 450 appartements – le terrain servira de jardin aux futurs locataires. A quelques hectomètres de là finit de pousser l'Emirates Stadium, bijou ultramoderne de 60 000 places – contre 38 500 à Highbury – qui sera opérationnel dès août 2006. Et qui est censé modifier favorablement la destinée économique, donc sportive, des «Gunners». «Ce projet était vital pour nous», affirme le manager Arsène Wenger. «C'était ça ou disparaître du plus haut niveau à terme. C'est aussi simple que cela. Désormais, avec les profits qui seront générés, nous pourrons enfin rivaliser avec les plus grands clubs sur le marché des transferts.»

Les Londoniens n'étaient certes pas trop à plaindre jusqu'ici, mais grâce à ce nouvel outil de travail, leur chiffre d'affaires annuel devrait passer bientôt de 115 à 170 millions de livres sterling. Le départ de Highbury, de même que l'appellation du nouveau stade – du nom de la compagnie aérienne des Emirats arabes unis, ex-partenaire de... Chelsea, qui a investi 100 millions de livres sur 15 ans –, fait grincer quelques dents du côté des supporters. Mais le peuple rouge espère que les bénéfices dégagés permettront aux siens de franchir un palier supplémentaire.

Le palier auquel Arsenal se heurte depuis si longtemps. Celui de la Ligue des champions. Abonnés à l'épreuve depuis sept ans, les Londoniens l'ont toujours entamée boursouflés d'ambition avant, souvent, de se prendre les pieds dans le tapis. Leurs meilleures performances se limitent à deux quarts de finale perdus, en 2001 face à Valence et en 2004 contre Chelsea. Un bilan très largement insuffisant pour un club qui, année après année, ne parvient pas à nourrir ses rêves européens.

Alors, tout en subissant les railleries des supporters de Manchester United ou Liverpool, Arsenal remet inlassablement l'ouvrage sur le métier. La présente campagne débute donc face à Thoune, à un moment où les «Gunners» sont davantage préoccupés par leur mauvaise entame de championnat – deux victoires pour autant de défaites – que par la réception d'un «nobody» des Préalpes. Et lorsqu'un journaliste britannique a demandé à Ljubo Milicevic de décrire, en deux mots, les caractéristiques du visiteur inconnu, l'Australien a condensé sa réponse: «Nous formons une équipe solidaire, qui donne toujours le meilleur d'elle-même sans trop penser à l'adversaire.»

Publié dans News d'Arsenal

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